Shiro, le chien avant Hachiko
Qui n’a pas été ému en entendant l’histoire d’Hachiko, le chien fidèle qui attendit son compagnon humain des années durant à la gare de Shibuya ? Qui n’a pas rêvé d’avoir lui aussi avec son chien cette relation forte, ce type de loyauté qui fait aujourd’hui la réputation de l’Akita Inu autour du globe ?
Aujourd’hui je ne vous raconterai pas l’histoire d’Hachiko, que nous connaissons maintenant tous beaucoup trop bien, non. Car de la même manière qu’avant l’Akita il y avait le Matagi, Shiro vint avant Hachiko.
Shiro et le temple de Rouken Jinja
Dans la petite ville de Kazuno, au cœur de la préfecture d’Akita, vivait depuis des générations la famille Sadaroku. Ils étaient chasseurs de père en fils et avaient reçu des années plus tôt, de la part du seigneur du domaine sur lequel ils vivaient, un précieux permis qui leur accordait le droit d’y tuer le gibier. Mais qu’est ce qu’un chasseur sans chien ? Alors, pour accompagner le père de famille dans ses aventures, ils avaient adopté un fidèle compagnon, un Matagi blanc, nommé Shiro.
Un matin d’hiver comme les autres, Sadaroku se prépara à partir chasser. Pressé d’aller courir la montagne, il se chargea de son arme ainsi que de tout ce dont il pouvait avoir besoin d’ici à ce qu’il rentre chez lui le soir même, siffla Shiro, et tous deux partirent joyeusement en forêt.
La journée passa agréablement mais la chasse ne fut pas bonne, à peine quelques balles furent tirées, et le gibier les évita. Si les animaux s’enfuyaient, le bruit, par contre, attira à Sadaroku des hommes travaillant sur le domaine du seigneur. Il ne fallut que peu de temps avant qu’ils ne le retrouvent pour le confronter, lui demandant s’ il avait le droit de chasser du gibier en ce lieu.
Sadaroku comprit son erreur quand, en portant innocemment la main à sa poche, il se rendit compte que son permis de chasse était resté à la maison dans sa précipitation à partir le matin même. Ce qui l’attendait maintenant était sans d’autres espoirs qu’une exécution, car on ne chasse pas sur les terres d’un seigneur sans répercussions.
En dernier recours pour sauver sa vie, il ordonna à Shiro de rentrer à la maison rapidement et de lui ramener le fameux papier.
Les hommes du seigneurs l’emmenèrent. Le chien, quant à lui, courut à toute allure à travers la forêt, parcourant les kilomètres qui le séparaient de chez lui.
A peine une fois la porte passée, Shiro aboya sans relache sur la femme de Sadaroku. Désemparée de voir son chien rentrer sans son mari, elle regarda autour d’elle comme pour tenter de comprendre ce qui avait bien pu se passer et repéra le permis de chasse qui n’aurait pas dû être là. Elle l’attacha au cou du chien blanc, qui repartit en sens inverse aussi vite qu’il était arrivé.
Shiro arriva trop tard.
Quelque temps plus tard Shiro quitta la maison où il avait vécu avec Sadaroku, et malgré les recherches de sa famille on ne retrouva sur la colline voisine que les restes de sa dépouille.
S’ensuivit un phénomène étrange : à l’endroit même ou Shiro reposait, quand des Samouraïs passaient par là, leurs chevaux devenaient fou et les jetaient à terre. Dans le village on se mit à dire que l’esprit de Shiro punissait ceux qu’il tenait pour responsables de la mort de Sadaroku. Afin de l’apaiser on construit un sanctuaire, le Rouken Jinja, dans lequel on peut voir encore aujourd’hui des statues à l’effigie de Shiro, le chien fidèle qui était là bien avant que le Matagi devienne l’Akita, bien avant qu’Hachiko ouvre la voie.
Retrouvez plus d’informations sur l’histoire de Shiro, ainsi que sur le Rouken Jinja sur le site d’Odate City
